Né à Héricourt (70) en 1957, arrivé à Besançon pour ses études supérieures et mort à Paris à 38 ans, l’homme de théâtre aura filé comme un météore entre écriture acharnée et reconnaissance posthume.
Enfant d’ouvriers de Valentigney, Jean-Luc Lagarce s’installe à Besançon en 1975. « Inscrit au Conservatoire d’art dramatique et à la fac de philosophie, il crée le Théâtre de La Roulotte avec d’autres étudiants en 1977 » évoque François Berreur, compagnon de route de Jean-Luc Lagarce et cofondateur avec lui des éditions Les Solitaires Intempestifs. Vivant rue d’Arènes, il finance ses études en étant surveillant à Jules-Haag. Au début des années 1980, la compagnie se professionnalise et accède au Centre Dramatique National et à l’Espace Planoise, dont elle inaugure la petite salle avec Noce, puis la grande avec Histoire d’amour.

L’auteur et metteur en scène commence alors des allers-retours réguliers avec Paris. « Dès ses 20 ans, il est joué au Petit Odéon, rembobine François Berreur. Jean-Luc revient souvent à Besançon, où La Roulotte est accueillie à l’Espace ou au CDN (dont l’entrée se fait via l’esplanade Jean-Luc Lagarce, depuis 2006, ndlr). À l’époque, nos lieux de rendez-vous sont Le Commerce et La Viennoise, où il écrit son journal, le matin. » Cette vie entre capitale et province sera la sienne jusqu’à la fin. Séropositif « Il faut une sacrée santé pour être malade, écrivait-il » –, il meurt à Paris en 1995.
Traduit en 25 langues
Son entrée dans la postérité attendra quelques années. « En 1999, Juste la fin du monde – qui, refusé partout, avait été le plus grand échec de Jean-Luc – est mis en scène par Joël Jouanneau, se souvient François Berreur. Le succès est immense, et ça part comme une traînée de poudre. Derrière le vocabulaire simple de cet OVNI de classe – qui a transposé les thèmes des tragédies d’Euripide ou de Shakespeare chez les gens modestes –, on a reconnu la richesse d’un style inscrit au programme de l’agrégation de lettres et à celui du baccalauréat. Avec 23 pièces, dont certaines traduites en 25 langues, Jean-Luc est aujourd’hui un des auteurs français contemporains les plus joués. »
Ce style fulgurant est à (re)découvrir lors de Livres dans la Boucle qui met à l’honneur l’auteur disparu, il y a pile 30 ans, sans savoir qu’il entrerait un jour au répertoire de la Comédie-Française.
Infos…
livresdanslaboucle.fr, solitairesintempestifs.com et le site lagarce.net qui ouvre le 15 septembre.










